- Panthéisme
- PanthéismeS’il y a un mouvement panthéiste au IXe siècle, ce n’est pas chez Jean Scot qu’on le trouvera, chez un penseur attentif, suivant la tradition plotinienne et dionysienne, à sublimer l’individu en Dieu et non à le supprimer. Le panthéisme du IXe siècle se rattache à une influence toute différente, à la théorie de l’âme du monde que l’on trouvait dans le Commentaire du Songe de Scipion de Macrobe. Dans un ouvrage attribué à Bède, le De mundi caelestis terrestrisque constitutione, mais qui ne peut avoir été écrit qu’au IXe siècle et peut-être même après Jean Scot qui ne paraît guère connaître Macrobe, l’auteur se plaint de voir se répandre une doctrine dont les termes sont empruntés au chapitre xiv du livre I du Commentaire de Macrobe. D’après cette doctrine, « de même qu’un visage unique peut se montrer dans plusieurs miroirs, que plusieurs visages peuvent se refléter dans un seul miroir, de même une âme unique se trouve en toutes choses, et, partout, elle est en possession de toutes ses puissances, bien qu’elle les exerce diversement dans les divers corps selon l’aptitude de chacun d’eux ». L’auteur va tirer les conséquences : « Un homme ne saurait être pire qu’un autre, car dans tous les corps réside une même âme qui est par nature bonne et immaculée... L’homme ne meurt jamais ;... on dit qu’il meurt lorsque l’âme cesse d’exercer en lui ses puissances de la manière qu’elle les exerçait jusque-là. » Ce mouvement vient peut-être de l’Irlandais Macarius Scot, qui eut ses partisans à l’abbaye de Corbie : il se continue sans doute dans bien des hérésies du Moyen Age ; il rejoindra plus tard l’averroïsme.
Philosophie du Moyen Age. E. Bréhier. 1949.